Article ajouté le : 19 octobre 2018
Promesse tenue pour le pays des hommes intègres. Ouagadougou a abrité avec une certaine réussite, sinon une réussite certaine, la première conférence africaine sur la régulation et l’économie numérique (CAREN). En effet, du 16 au 18 octobre 2018, la salle de conférence de Ouaga 2000 a accueilli quelques trois cent délégués venus prendre part à cette grande rencontre. Trois jours durant, ils ont eu des travaux fructueux rythmés par différents panels. Organisée à l’initiative de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes du Burkina et de Télecom-Paris Tech de France, cette première CAREN a assurément tenu ses promesses.
Pour Tontama Charles Millogo, Président de l’ARCEP Burkina, cette CAREN avait pour objectif principal de rassembler l’ensemble des acteurs africains et internationaux intéressés par les questions liées à la régulation et à l’économie numérique sur le continent africain. Elle s’adresse également aux gouvernements, aux académiques et aux professionnels concernés ainsi qu’à la société civile et constitue un prolongement des formations en Régulation du numérique qui se tiennent en Afrique francophone depuis 2005. Au cours des travaux, les délégués ont pu entendre les thématiques relatives aux enjeux et risques de la numérisation de l’économie et de la société ; aux usages des réseaux sociaux ; à l’inclusion financière grâce au numérique ; à l’essor du commerce électronique et à la contribution du numérique au développement. A cela s’ajoutent des thèmes comme les effets macroéconomiques du numérique ; la transformation de la régulation du numérique ; les contenus et données personnelles face au numérique et enfin l’économie et régulation de la monnaie électronique.
Pour sa part, Laurent Gille, l’un des initiateurs de cette conférence a d’emblée fait observer que de nos jours, les outils de communication électronique envahissent nos vies, nos activités et nos relations. Les statistiques lui donnent raison avec plus de 2 milliards d’humains qui sont actifs sur Facebook, et les OTT, Google, Apple, Facebook, Amazon, Netflix ou Microsoft dominent le monde financier mondial et sont infiniment plus puissants que les opérateurs de communications électroniques. Visiblement, l’impact de la téléphonie et d’Internet sur la société est prégnant. Le numérique, en médiatisant les rapports sociaux et économiques, élargit les cercles de relation, autorise le maintien de liens malgré des distances que les migrations imposent. Il favorise également l’accès à la connaissance et aux divertissements. Avec la tenue de cette CAREN, Laurent Gille espère donc constituer un lieu de dialogue, certes entre les acteurs du numérique et les régulateurs, mais pas uniquement. Il est convaincu que ce dialogue doit intégrer la société civile, car c’est elle qui influencera l’appropriation de ces technologies et services et les usages. C’est dire que c’est de plus en plus la société civile qui fera l’innovation qui ne sera pas forcément dans le sens où on aimerait qu’elle s’en empare prioritairement.
Dans son allocution d’ouverture lue par la ministre du développement de l’économie numérique et des postes, le Premier ministre a salué l’opportunité que la CAREN donne au Burkina d’être pendant trois journées d’échange, ‘’le point de mire de la réflexion sur les politiques d’un secteur aussi important qu’est l’économie numérique’’, car, les problématiques traitées sont perçues par tous comme des sujets dignes d’intérêt. En effet, il est aujourd’hui reconnu que le développement du numérique est l’un des enjeux majeurs du vingt et unième siècle. De ce fait, le chef du gouvernement burkinabè a à cœur que la conférence Africaine sur la Régulation et l’Economie Numérique soit une initiative qui facilite le partage d’expériences et la confrontation des idées en vue de dégager des perspectives d’actions efficaces. Sans avoir la prétention d’avoir traité de toutes les questions relatives à la régulation et à l’économie numérique, la première édition de la CAREN aura eu le mérité de tracer les sillons d’approches spécifiques dans le domaine de l’économie numérique et de sa régulation en Afrique. De ce point de vue, elle a tenu toutes ses promesses. Tous les regards sont donc déjà tournés vers la prochaine CAREN, prévue pour se tenir en 2020, toujours à Ouagadougou.